Hybride, flexible, à impact : voilà comment vous voyez le travail demain

Sylvie Laidet-Ratier

ETUDE GLOBAL TALENT 2021 – Organisation hydride, horaires flexibles, job avec du sens et de l’impact… Le deuxième volet d’une vaste étude menée auprès de 208 000 talents à travers le monde et intitulée Decoding Global Ways of Working vient de paraître. Le Boston Consulting Group et Cadremploi y décodent les effets de la pandémie sur les aspirations professionnelles des talents pour demain. Quelles attentes expriment en particulier les Français sur la place du travail dans leur vie, leur organisation post-covid, le management ou leurs préférences d’employeurs ? Voici 5 changements qui pourraient arriver demain.
Hybride, flexible, à impact : voilà comment vous voyez le travail demain

1. Entre télétravail et présence au bureau, vive le modèle hybride !

D’accord, il va falloir attendre encore quelques semaines (voire quelques mois) avant qu’ils ne soient vraiment rouverts. Mais quand ce sera le cas, les salariés français seront hyper contents de retourner au bureau… de temps en temps.

Après la crise, 78% des talents français aspirent à un modèle de travail hybride leur permettant de mêler bureau et télétravail (64% au niveau mondial), selon l'étude BCG / Cadremploi « Decoding Global Ways of Working »*.

Lorsqu’ils se projettent dans ce nouveau modèle, les talents français désirent passer plus de temps au bureau qu’à leur domicile.
Etude Decoding Global ways of Working, avril 2021

63% des répondants français désirent bénéficier d’un maximum de 2 jours de télétravail par semaine, notent les auteurs de l’étude.

2. Les horaires de bureau, mais quels horaires ?

Décidément, les DRH n’ont pas fini de s’arracher les cheveux avec les nouvelles aspirations des salariés post-covid. Et notamment des plus jeunes. Pour eux, exit la journée de boulot bien rythmée comme avant. « La pandémie a remis en question la journée de travail classique, avec des horaires fixes. Cela est tout particulièrement visible en France où 80% des talents se déclarent intéressés par la possibilité d’aménager leurs horaires de travail à leur convenance, contre 64% dans le reste du monde », relate l’étude.

 

Vincent Balouet

« Le travail doit continuer à être élastique. On voit bien qu’en pleine crise, les salariés font une pause entre 17 et 21 h pour gérer les enfants et les repas et se reconnectent après pour travailler. Il faut une certaine souplesse d’action de la part des salariés et des entreprises », insiste Vincent Balouet, spécialiste de l’anticipation des crises systémiques et fondateur du cabinet maitrisedescrises.com. Le tout en veillant évidemment à éviter une sur connexion et une surcharge de travail.

3. Le salaire ne serait plus la priorité des Français

D’après l'étude BCG / Cadremploi, si le top 5 des attentes des talents français demeure inchangé par rapport à 2018, leur ordre évolue sous l’influence du télétravail et de la crise. En tête : l’intérêt des missions et de bonnes relations avec les collègues et les managers. L’équilibre vie privée - vie professionnelle semble moins prioritaire dans un contexte où la prévalence du travail à domicile permet davantage de flexibilité. En France, la rémunération n’arrive qu’en 7e position alors qu’elle occupe la 4e position des attentes au niveau international.

Cette différence est probablement influencée par les aides mises en place par l’État français depuis le début de la crise.

Pierre Antebi

« Au vu de la crise économique et existentielle que nous traversons, ce que nous tenions pour acquis apparaît désormais comme désirable, explique Pierre Antebi, co-directeur du Réseau The Network et l'un des auteurs du rapport. Durant une pandémie, les gens sont heureux d'avoir un emploi et un revenu stable. Dans le même temps, les bonnes relations avec les collègues et le souhait d’avoir une vie équilibrée demeurent cruciaux. Les employeurs doivent veiller à ce que ces besoins soient satisfaits, même dans des environnements de travail virtuels. »

4. Les candidats visent des jobs qui ont du sens

En France, une personne sur deux déclare qu’elle n'accepterait pas une offre d'emploi venant d’une entreprise dont les politiques environnementales ne correspondraient pas à ses convictions personnelles. Les candidats seraient-ils devenus des divas ?

Au-delà de la pandémie, de nombreux événements ont amené les candidats à prêter davantage attention aux valeurs véhiculées par les entreprises.
Etude Decoding Global ways of Working, avril 2021

Voilà pour le déclaratif. Mais en pratique, les candidats vont-ils pouvoir tenir leur ligne de conduite et refuser des postes avec un moindre impact et peut-être pas tout à fait en phase avec leurs valeurs ? Tout dépendra évidemment des conditions de redémarrage des recrutements, rythmé par la loi de l’offre et de la demande. Mais aussi, s’ils sont au chômage, de leur capacité à résister financièrement à de potentiels longs mois sans boulot. Pas évident avec le durcissement à venir des conditions d’accès à l’assurance chômage et la mise en place de la dégressivité des allocations chômage pour les plus hauts salaires (plus de 4500 euros par mois) à compter du 1er juillet prochain.

5. Le management ne fait pas rêver

Moi, manager ? Non merci ! Le sort réservé aux managers durant cette crise ne semble pas faire des envieux si l'on en croit les talents sondés. Au contraire. Pressés entre le marteau et l’enclume, ils ont fait avec les moyens du bord pour manager à distance. Le tout avec une pression économique phénoménale pour la plupart.

La crise a un peu revalorisé le rôle des managers et pourtant, seul 12% des salariés français aspirent aujourd’hui à devenir manager.
Etude Decoding Global ways of Working, avril 2021

Pas ou peu formés pour ce management à distance d’un nouveau genre, les salariés préfèrent s’abstenir que de mal faire. Ou alors, peut-être estiment-ils que le manager ne sert plus à grand-chose dans cette nouvelle organisation du travail qui se profile.

* Méthodologie Enquête menée auprès de 208 807 répondants dans 190 pays par le BCG, Cadremploi et The Network – dont 5308 en France. Les répondants sont inscrits sur les sites de recherche d’emploi partenaire de The Network (Cadremploi en France).

Sylvie Laidet-Ratier
Sylvie Laidet-Ratier

Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.

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