Les autorités chinoises ont fait état, vendredi 31 janvier, de 43 nouveaux morts en vingt-quatre heures : le bilan s’élevant désormais à 259 morts du nouveau coronavirus (2019-nCoV), tous en Chine. Le nombre de patients contaminés se monte à 11791 personnes en Chine continentale (hors Hongkong et Macao), dépassant celui atteint lors de l’épidémie de SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) en 2002-2003.
La grande majorité des cas de contamination restent localisés en Chine, mais une centaine ont également été déclarés dans près de vingt autres pays, y compris en Europe et Amérique du Nord. Jeudi, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a qualifié l’épidémie d’« urgence de santé publique de portée internationale ».
La France a rapatrié 200 ressortissants par avion, qui a atterri vendredi à la mi-journée à Istres. Ils seront mis à l’isolement quatorze jours dans un centre de vacances à Carry-le-Rouet, près de Marseille.
Singapour ferme ses frontières
Les autorités de Singapour ont annoncé la fermeture des frontières à tous les voyageurs venant de Chine. La cité-Etat avait interdit jusqu’ici l’entrée sur son territoire aux seuls voyageurs venant de la région du Hubei.
« Il est probable que l’on voie une forte accélération de la propagation du virus aux villes chinoises au-delà du Hubei dans les prochains jours (…), c’est pourquoi le groupe de travail a décidé de prendre des mesures supplémentaires à présent pour limiter les voyages », a annoncé le ministre du développement national, Lawrence Wong. « Les voyageurs qui sont passés par la Chine au cours des derniers quatorze jours ne seront pas autorisés à entrer à Singapour ni à transiter par Singapour ». Le pays d’Asie du Sud-Est a fait état de treize cas de contamination, tous concernant des personnes récemment arrivées de Wuhan.
Multiplication des mesures de protection
Washington a monté son niveau d’alerte au cran maximal en recommandant tard jeudi « de ne pas se rendre » en Chine en raison de l’épidémie de pneumonie dans le pays – une recommandation dénoncée par Pékin. Les mots et les actes de certains responsables américains « ne sont ni fondés sur les faits ni appropriés », a déclaré une porte-parole de la diplomatie chinoise, Hua Chunying, dans un communiqué. « Alors même que l’OMS a recommandé de ne pas restreindre les voyages, les Etats-Unis se sont précipités à l’opposé. Ce n’est certainement pas un geste de bonne volonté », a-t-elle ajouté.
Les autorités sanitaires américaines ont par ailleurs annoncé que les 195 Américains rapatriés de Wuhan étaient soumis à une quarantaine obligatoire. « La quarantaine durera quatorze jours à partir du moment où l’avion a quitté Wuhan », a déclaré lors d’une conférence téléphonique Nancy Messonnier, directrice des maladies respiratoires aux Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC). L’avion est parti mercredi de Chine et a atterri à Riverside en Californie.
Le Pakistan a suspendu tous les vols directs à destination et en provenance de la Chine, a fait savoir vendredi un responsable de l’aviation civile. Trois compagnies aériennes seront concernées : Pakistan International Airlines (PIA), Air China et China Southern Airlines.
Par ailleurs, la Birmanie a renvoyé vendredi en Chine un avion avec à bord presque tous ses passagers, dont deux Français et deux Américains, après la découverte d’un cas suspect de nouveau coronavirus, ont fait savoir les autorités. Aucun cas de la maladie n’a encore été signalé en Birmanie, frontalière de la Chine.
La Mongolie a annoncé pour sa part vendredi qu’elle interdirait à partir du 1er février l’entrée sur son territoire de tout Chinois ou étranger venant de Chine par avion, train ou route, en raison de l’épidémie de pneumonie.
Le Japon a demandé quant à lui à ses ressortissants d’éviter les voyages non indispensables vers l’ensemble de la Chine, y compris les régions autonomes de Hong Kong et Macao.
La compagnie maritime Costa Croisières a annoncé vendredi qu’elle refusait l’accès à ses navires aux passagers ayant séjourné en Chine continentale au cours des quatorze derniers jours, dans la lignée de ses concurrents Royal Caribbean et MSC Croisières.
Premiers cas au Royaume-Uni et en Russie
Hormis la Chine, des cas de contagion directe entre humains ont déjà été observés au Vietnam, en Allemagne, au Japon, aux Etats-Unis et, désormais, au Royaume-Uni et en Russie. « Nous pouvons confirmer que deux patients en Angleterre, membres de la même famille, ont été testés positifs », a déclaré le chef des services médicaux, Chris Whitty, dans un communiqué diffusé vendredi par le ministère de la santé.
La Russie a également annoncé vendredi deux premiers cas sur son territoire, et l’évacuation de ses citoyens de plusieurs régions chinoises en raison de l’épidémie.
Il en est de même en Thaïlande, qui compte, selon un nouveau bilan, 19 cas confirmés de contamination au nouveau coronavirus dont le premier cas dans le royaume de contamination locale, ont annoncé vendredi les autorités sanitaires.
Les rapatriements s’organisent
L’avion ramenant quelque 200 Français de Wuhan a atterri peu avant 12 h 30 sur la base militaire d’Istres, à une soixantaine de kilomètres de Marseille. Les passagers ont applaudi leur retour sur le sol français, une douzaine d’heures après leur départ de Wuhan.
Ils doivent être transportés vers un centre de vacances à Carry-le-Rouet, sur la côte, où ils vont être confinés pendant deux semaines. Deux passagers qui présentaient « des symptômes » du coronavirus ont été transférés dès l’atterrissage de l’appareil à l’hôpital de la Timone à Marseille, où ils ont été testés négatifs, a indiqué dans la soirée la ministre de la santé, Agnès Buzyn. Par ailleurs, aucun nouveau cas de contamination n’a été repéré vendredi en France et leur total se monte toujours à six, selon Mme Buzyn.
Pour rapatrier ses ressortissants de Wuhan, le gouvernement britannique a de son côté affrété un vol, en coopération avec les autorités espagnoles. Il a atterri vendredi avec 83 Britanniques et 27 autres étrangers à bord.
Le ministre des affaires étrangères allemand, Heiko Maas, a annoncé vendredi matin sur son compte Twitter que l’Allemagne allait envoyer, dans la journée, un avion de l’armée à Wuhan pour rapatrier « plus de 100 » de ses ressortissants. Ils seront eux aussi placés en quarantaine pour quinze jours à leur retour en Allemagne, prévu samedi. Aucun d’entre eux ne présente de signes d’infection du virus à ce stade.
La compagnie aérienne polonaise LOT a elle aussi déclaré vendredi qu’elle allait envoyer un avion à Pékin pour évacuer les ressortissants polonais et européens séjournant dans la zone menacée par le nouveau coronavirus.
De son côté, le Canada a obtenu l’accord de la Chine pour rapatrier ses ressortissants se trouvant dans la région frappée par le nouveau coronavirus et qui ont demandé à l’être, a annoncé vendredi le chef de la diplomatie canadienne.
L’UE débloque 10 millions d’euros pour la recherche
« Nous devons en savoir plus sur le virus pour mieux cibler nos mesures de prévention et assurer une meilleure prise en charge de nos citoyens » : la Commission européenne a annoncé vendredi une subvention de 10 millions d’euros pour soutenir la recherche sur le 2019-nCoV, pour lequel aucune thérapie n’a encore fait ses preuves.
Bruxelles a lancé un appel d’urgence pour des projets de recherche « qui feront avancer notre compréhension sur l’épidémie du nouveau coronavirus, contribueront à une gestion clinique plus efficace des patients affectés par le virus, et aussi amélioreront la préparation et la réactivité des autorités de santé publique », explique l’exécutif européen dans un communiqué.
Rome décrète l’état d’urgence
Le gouvernement italien a proclamé vendredi l’état d’urgence, après l’annonce, jeudi soir, par le chef du gouvernement, Giuseppe Conte, des deux premiers cas de coronavirus dans le pays, chez un couple de touristes chinois, et la suspension de tous les vols « de et vers » la Chine. La procédure d’état d’urgence est prévue pour six mois, selon les médias italiens.
Le couple contaminé est apparemment arrivé d’abord à Milan puis séjournait à Rome quand les symptômes de la maladie sont apparus mercredi. Leur chambre d’hôtel a été mise sous scellés et ils ont été placés en observation à l’hôpital Spallanzani à Rome, l’établissement de référence pour les maladies infectieuses en Italie.
Le plus haut responsable de Wuhan se « reproche » une réaction trop lente
Le principal responsable politique de la ville chinoise de Wuhan, foyer d’apparition de l’épidémie de pneumonie, a avoué « se reprocher » une réaction trop lente face au coronavirus, selon un entretien diffusé vendredi par la télévision d’Etat CCTV. « Je suis envahi par un sentiment de culpabilité, par les remords et je me reproche » la manière dont j’ai géré la crise, a confié Ma Guoqiang, le secrétaire du Parti communiste chinois (PCC) dans la municipalité : « Si j’avais pris plus tôt des mesures fortes de restrictions, le résultat aurait été meilleur que ce qu’il est aujourd’hui. »
Les hauts responsables chinois confessent rarement des erreurs en public, encore moins à la télévision à une heure de grande écoute. Mais les autorités de Wuhan sont sous pression de l’opinion publique. Beaucoup de Chinois leur reprochent d’avoir tardé à diffuser les informations au début de l’épidémie.
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