Tétanisée par le virus chinois, la Corée du Nord ferme ses frontières
Mardi, une agence nord-coréenne contrôlée par l'administration nationale du tourisme a indiqué que les visiteurs chinois n'avaient plus le droit de franchir son poste frontière de Sinuiju. Hormis les aspects sanitaires, Pyongyang craint les effets économiques de la perte de touristes.
Par Yann Rousseau
Incapable de faire face à une épidémie de grande ampleur, la Corée du Nord vient d'annoncer qu'elle allait fermer ses frontières à la plupart des visiteurs étrangers. Les rares agences de voyages internationales spécialisées dans des visites de Pyongyang ont été informées mardi de ces nouvelles restrictions qui pourraient durer plusieurs mois.
Sur son site, l'agence Young Pioneer Tours a ainsi expliqué que ces départs pour la Corée du Nord étaient suspendus à partir de ce mercredi. « La République populaire démocratique de Corée va fermer de manière temporaire ses frontières à tous les touristes étrangers par mesure de précaution face au coronavirus », précise l'agence. Mardi, une agence nord-coréenne contrôlée par l'administration nationale du tourisme avait indiqué que les visiteurs chinois n'avaient plus le droit de franchir son poste frontière de Sinuiju, qui connecte le pays à la ville de Dandong en Chine.
VIDEO. Que faire face à la propagation du virus chinois ?
Plusieurs précédents
Fragilisée par un réseau sanitaire très médiocre et une pénurie de médicaments, la Corée du Nord a déjà mis en place, dans le passé, des interdictions aussi drastiques afin de prévenir l'entrée sur son territoire d'individus porteurs de virus potentiellement mortels.
En 2015, elle avait fermé ses frontières pendant plus de quatre mois de peur d'être contaminée par le virus Ebola. A l'époque, tous les visiteurs souhaitant entrer dans le pays, et notamment les Nord Coréens revenant chez eux après des voyages d'affaires, avaient été contraints de passer trois semaines en quarantaine. En 2003, lors de l'épidémie de SARS qui avait fait plus de 700 morts en Asie, des restrictions avaient aussi été mises en place.
Coup dur pour le tourisme
Pour Pyongyang, l'épidémie de coronavirus, qui a déjà fait au moins six morts, est particulièrement périlleuse car elle frappe d'abord son voisin chinois avec lequel elle partage 1.400 kilomètres de frontières, parfois poreux. La maladie va aussi pénaliser une partie de sa vie économique.
Sous le coup de multiples sanctions internationales, la dictature s'est en effet efforcée, ces dernières années, d'encourager le tourisme international afin de récupérer des devises étrangères. Depuis 2017, elle a d'ailleurs réussi à doper le nombre de séjours de touristes chinois. Il représente désormais plus de 80 % de l'ensemble des visiteurs étrangers. Selon le site spécialisé NK News, 350.000 touristes chinois ont ainsi visité le pays l'an dernier.
Yann Rousseau (Correspondant à Tokyo)