Gaspillage alimentaire : l’Union européenne a l’obligation morale et politique d’agir

88 millions de tonnes de nourriture sont gaspillées chaque année dans l’Union européenne, soit une moyenne de 173 kilogrammes par personne. Le gaspillage alimentaire, en plus d’avoir un impact sur l’environnement, soulève des questions économiques et éthiques. La commission parlementaire de l’environnement a adopté ce mardi 11 avril de nouvelles mesures visant à réduire ce phénomène de moitié d’ici 2030. Nous avons rencontré Biljana Borzan, députée démocrate socialiste croate et rapporteur.

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La députée démocrate socialiste croate Biljana Borzan est l'auteur d'un rapport sur le gaspillage alimentaire

Pourquoi est-il essentiel de lutter contre le gaspillage alimentaire ?


On estime que dans le monde, près d’un tiers de la nourriture destinée à la consommation humaine est perdue ou gaspillée au cours du processus de production. La quantité énorme de déchets qui en résulte a des conséquences à la fois économiques, sociales et environnementales. Le gaspillage alimentaire coûte 940 milliards de dollars par an et contribue à l’insécurité alimentaire et à la malnutrition dans le monde. Il représente également un gaspillage de ressources rares telles que la terre ou l’eau.


Comment expliquer que de telles quantités de denrées alimentaires soient gaspillées ?


Le gaspillage et la perte ne se produisent pas de la même manière partout dans le monde. Dans les pays industrialisés, les denrées alimentaires sont pour la plupart gaspillées dans les derniers maillons de la chaîne, à savoir la distribution et la consommation.


Dans les pays en développement, le gaspillage se concentre dans les premières phases, en raison de l’absence de techniques agricoles avancées, de systèmes et d’infrastructures de transport efficaces et de possibilités de stockage sûres.  


Quelles sont les conséquences environnementales et économiques du gaspillage alimentaire ?


La nourriture gaspillée ou perdue est synonyme d’un gaspillage d’eau, de terres agricoles, d’heures de travail, d'énergie et d'autres ressources précieuses et souvent limitées. Selon les experts, réduire de 30 % les déchets alimentaires dans les pays développés pourrait préserver 400 000 kilomètres carrés de terres cultivées d'ici à 2030.


En 2012, 143 milliards d'euros ont été perdus dans l’Union européenne en raison du gaspillage alimentaire, dont deux tiers en raison du gaspillage produit par les ménages.


Quelle est la situation dans l’Union européenne ?


L’Union européenne est l’une des communautés les plus riches et les plus prospères au monde. Elle a donc l’obligation morale et politique de réduire les énormes quantités de denrées alimentaires gaspillées.


On estime que 20 % de la nourriture produite dans l’Union européenne est perdue ou gaspillée, alors même que 55 millions de personnes dans le monde n’ont pas les moyens de s’offrir un repas de qualité un jour sur deux. Cette situation est tout simplement insoutenable.


Que peuvent faire l’Union européenne et ses États membres pour améliorer la situation ?


Il n’existe pas une solution miracle que l’Union européenne pourrait mettre en place. On dénombre actuellement 52 actes qui ont un impact, positif ou négatif, sur le gaspillage alimentaire. Nous avons besoin d’une réponse coordonnée qui prenne en compte les politiques liées aux déchets, à la sécurité alimentaire, à l’environnement, à l’agriculture ou encore à l’éducation.


Comment pouvons-nous, à notre échelle, réduire le gaspillage alimentaire ?


Les ménages contribuent à l’heure actuelle à 53 % au gaspillage alimentaire. Je conseille à chacun de prévoir ses achats, de ne pas acheter de trop grandes quantités de nourriture, d’utiliser ou de congeler les restes...


Il faut à mon avis mettre l’accent sur l’éducation. Selon une enquête Eurobaromètre de 2015, un peu moins de la moitié des citoyens européens comprennent la différence entre les mentions « à utiliser de préférence avant le » et « à consommer jusqu’au ». Nos produits peuvent parfois être consommés bien plus longtemps que l’on ne le sache.

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