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Les artisans du bâtiment peinent à gérer l'envol du prix des matériaux

Les entreprises artisanales du bâtiment font face à une hausse moyenne de 18 % des prix des matériaux à fin 2021, estime la confédération du secteur, qui a étudié l'évolution des coûts de 1.700 de ses membres. Par ailleurs, les problèmes d'approvisionnement ont entraîné le report d'un cinquième des chantiers des artisans.

Tous métiers confondus, 55 % des entreprises disent ne pas avoir répercuté la hausse du prix des matériaux, mais dans le secteur de l'aménagement et de la maçonnerie, cette part passe à plus de 63 %.
Tous métiers confondus, 55 % des entreprises disent ne pas avoir répercuté la hausse du prix des matériaux, mais dans le secteur de l'aménagement et de la maçonnerie, cette part passe à plus de 63 %. (Jarry/ANDBZ/ABACA)

Par Myriam Chauvot

Publié le 27 janv. 2022 à 11:00Mis à jour le 27 janv. 2022 à 16:07

Le BTP doit apprendre à vivre avec une inflation d'ampleur. « Les entreprises artisanales du bâtiment font face à une hausse moyenne de 18 % des prix des matériaux », estime la confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment, (Capeb), qui a étudié avec le cabinet Xerfi l'évolution des coûts de 1.700 entreprises artisanales au quatrième trimestre 2021.

La hausse moyenne ressort à 18 % sur un an mais varie selon les métiers. « La menuiserie est l'activité qui connaît la plus forte hausse, avec 22 %, favorisée notamment par l'envolée du prix du bois et de l'acier », précise l'étude. L'acier - et le métal de façon plus générale - est en effet un des matériaux les plus touchés. Ainsi, le prix des poutrelles s'est renchéri de 75 % sur un an à fin 2021 et la hausse est encore plus forte pour les tôles et les tubes, tandis que l'aluminium a atteint des sommets.

A fin 2021, la hausse moyenne ressort à 18 % sur un an mais varie selon les métiers. La menuiserie a encaissé 22 % d'augmentation de ses coûts de matériaux, du fait de l'envolée du prix du bois et de l'acier.

A fin 2021, la hausse moyenne ressort à 18 % sur un an mais varie selon les métiers. La menuiserie a encaissé 22 % d'augmentation de ses coûts de matériaux, du fait de l'envolée du prix du bois et de l'acier.Xerfi/Capeb

Pas de décrue

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Les prix de nombre de matériaux ont atteint un plateau à fin 2021 et ne donnent pas de signe de fléchissement. S'y ajoutent la flambée de l'énergie et l'explosion du coût du transport maritime. Le prix d'un container depuis la Chine, par exemple, a été multiplié par six comparé à 2019, or beaucoup de produits viennent de ce pays. Dans ces conditions, les particuliers ayant un projet de travaux doivent-ils se dépêcher de passer commande avant que l'inflation se poursuive ou attendre une hypothétique décrue ? Sans doute vaut-il mieux se lancer maintenant, avant que le secteur du BTP ne répercute plus systématiquement qu'aujourd'hui l'inflation dans ses prix.

Aujourd'hui, la répercussion de l'inflation aux clients n'est encore que très partielle, selon l'étude menée par la Capeb. Pour le moment, seules 45 % des 1.700 entreprises artisanales sondées déclarent répercuter la hausse des prix des matériaux, le secteur de l'électricité étant celui la répercutant le plus.

Répercuter ou pas

Tous métiers confondus, 55 % des entreprises disent ne pas l'avoir répercuté, mais « dans le secteur de l'aménagement et de la maçonnerie, cette part passe à plus de 63 % », relève la Capeb. Encaisser une envolée des coûts sans la passer au client n'est pas seulement une question de corps de métier mais aussi de taille d'acteur. Plus l'entreprise est petite, moins elle est en position d'augmenter ses prix, a fortiori quand son client est un particulier.

Quand les artisans du bâtiment répercutent l'inflation à leurs clients, ce n'est pas en totalité. En moyenne, 33 % de la hausse est répercutée sur les prix des prestations. Là encore, les électriciens répercutent une part plus importante de la hausse à leurs clients (plus de 45 %). Et « plus les effectifs des entreprises augmentent, plus la part des hausses répercutées est élevée. Ainsi les entreprises de 10 à 19 salariés répercutent 40 % de la hausse des prix contre 30 % pour les entreprises sans salarié », analyse la Capeb.

Chantiers reportés

L'inflation n'est pas le seul problème, l'approvisionnement en est un autre . Entre juillet et décembre 2021, « la part des entreprises déclarant des difficultés d'approvisionnement s'est accrue de 7 points », poursuit l'étude. En juillet, 53 % des entreprises constataient des retards d'approvisionnement, en décembre elles sont 60 %. Dans presque la moitié des cas (46,5 %), cela se traduit par ​des retards ponctuels des chantiers, voire un report pur et simple du chantier prévu (20,9 % des cas). Mais cela peut aussi être géré par des changements de distributeurs (16,3 % des cas) ou de produits (également 16,3 %).

Les difficultés d'approvisionnement ne signifient pas une pénurie mais plutôt un allongement des délais de livraison et la situation s'est améliorée sur certains produits, en particulier le bois, assurait récemment Saint-Gobain en évoquant la situation chez son distributeur Point P. Reste que, selon la Capeb, un cinquième des chantiers se trouvent actuellement reportés et rien ne permet à ce stade d'entrevoir un retour à la normale.

Forte activité en 2021, surpassant 2019

L'année 2021 a été dynamique dans l'artisanat du bâtiment. Chez les 545.000 entreprises artisanales employant jusqu'à 10 salariés (dont 375.000 sans salarié), l'activité a progressé de 2,5 % par rapport à son niveau pré-Covid en 2019, et de 12,5 % depuis 2020, une année de confinement durant laquelle l'activité avait plongé de 9 %.

L'activité a été tirée en 2021 par une progression de 3,5 % des travaux sur bâtiments existants contre 1,5 % seulement pour le neuf. Les travaux de performance énergétique des logements, en particulier, progressent de 16 % sur un an et de 4,5 % par rapport à 2019, portés par le succès de MaPrimeRénov'. Pour la suite, les carnets de commandes sont pleins. « Ils représentent en moyenne 100 jours en 2021, contre 74 jours en 2019 », précise la Capeb.

En janvier 2022, les entreprises artisanales, qui représentent 95 % des entreprises du bâtiment et 490.000 salariés (46 % des salariés du bâtiment) étaient 69 % à évoquer un manque de main-d'oeuvre. En revanche 44 % des artisans forment aujourd'hui des apprentis, contre 40 % en octobre et 38 % en moyenne de long terme.

Myriam Chauvot

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