Le rapport sur les pandémies, publié par l’IPBES, plateforme intergouvernementale scientifique dédiée à la biodiversité, devrait faire date. Il explique clairement, après avoir analysé plus de 700 travaux de recherche, que prévenir les pandémies coûtera moins cher que tenter de limiter leurs ravages. Après l’urgence climatique, vient l’alerte sur des risques encore plus globaux qui devraient inciter à transformer radicalement nos modèles économiques, industriels et financiers.

Le reconfinement instauré en France pour faire face à la nouvelle flambée de contagion de l’épidémie de COVID 19 va apporter son corollaire de désastres sociaux et économiques dont il est encore difficile d’évaluer le coût global pour notre seul pays. Une chose est sûre, le tribut payé par l’humanité à cette nouvelle maladie en termes de vies humaines, de destruction de valeur économique et d’explosion des inégalités sociales va être colossal.



Aussi, l’IPBES a décidé d’étudier, début 2020, les liens entre pandémies et biodiversité. L’objectif était de produire des évaluations chiffrées des impacts de la transformation de notre environnement à l’image de ce que le GIEC, les experts du climat de l’ONU, fait sur le changement climatique. Ce rapport évalue à 50 milliards de dollars par an l’investissement nécessaire pour lutter contre les causes des pandémies : déforestation, monocultures intensives, disparition des espèces… Il les met en regard des 1 000 milliards de dollars annuels dont le monde aura besoin pour traiter les conséquences des épidémies à répétition engendrées par la destruction de l’équilibre des écosystèmes.
Comme pour le climat
Le Covid19 est un cas d’école. C’est une zoonose, virus transmis de l’animal à l’homme par le pangolin. Les couts engendrés par cette nouvelle épidémie mondiale sont estimés au minimum à 10 000 milliards de dollars. Promouvoir des nouveaux modèles basés sur la science en montrant l’absurdité économique de l’obstination à poursuivre un mode de développement économique dont les ravages sont si coûteux est l’objectif du rapport de l’IPBES. Espérons qu’il ait le même impact que le rapport Stern. En 2006, celui-ci a permis d’acter que le coût de l’inaction était bien plus élevé que celui de l’action contre le changement climatique.
Ce raisonnement a permis d’aboutir à l’Accord de Paris en 2015 et conduit progressivement le secteur financier à s’éloigner des énergies fossiles. 2021 doit, en principe, être l’année de la biodiversité et celle où les décideurs du monde entier auront l’opportunité à la COP 15, en Chine en mai prochain, de définir un cadre de protection de la biodiversité comme ils l’ont fait sur le climat. Espérons qu’ils auront eu le temps de lire le rapport de l’IPBES.
Anne-Catherine Husson-Traore,  @AC_HT, Directrice générale de Novethic

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