Solitude et isolement quand on a plus de 60 ans en France en 2017

29 septembre 2017
Etude csa/ Petits Frères des Pauvres mort sociale

300 000 personnes en état de mort sociale. © Petits Frères des Pauvres

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Les Petits Frères des Pauvres ont décidé de mener avec l’institut CSA la première étude consacrée uniquement à la solitude et l’isolement des personnes âgées de plus de 60 ans en interrogeant par téléphone 1 800 personnes et en complétant avec des entretiens qualitatifs en face à face avec des personnes généralement exclues des sondages : personnes âgées détenues, personnes gravement malades, en hébergement collectif...

[Mise à jour du 30/09/2021 : Découvrez les résultats de notre nouveau baromètre sur la solitude et l'isolement des personnes âgées en 2021]

 

Michel Billé, sociologue spécialiste du grand âge et du vieillissement apporte son éclairage sur ces résultats inquiétants. Des résultats qui apportent aussi des nouvelles rassurantes pour notre société.

Les nouveaux enseignements

Enseignement n°1 : 300 000 Français de plus de 60 ans en situation de mort sociale !

300 000 personnes de plus de 60 ans, c’est l’équivalent de la population d’une ville comme Nantes, ne rencontrent quasiment jamais ou très rarement d’autres personnes, tout réseau confondu (familial, amical, voisinage, réseau associatif).

Isolement : 300 000 personnes âgées en situation de mort sociale

Plus d’une personne de plus de 60 ans sur trois ne sort pas de chez elle tous les jours. Ce sont généralement des femmes, de plus de 75 ans, aux revenus modestes, un profil qui correspond en grande partie aux personnes accompagnées par les Petits Frères des Pauvres. Très souvent, l’Association constitue pour ces personnes le dernier rempart contre la solitude.

L’isolement, c’est aussi des réseaux de sociabilité affaiblis : 22 % des personnes de plus de 60 ans sont isolées du cercle familial, 28 % du cercle amical, 21 % du cercle de voisinage, 55 % des réseaux associatifs. 900 000 personnes de plus de 60 ans sont en situation d’isolement à la fois des cercles familiaux et amicaux.

L’isolement, c’est aussi ne pas pouvoir avoir des relations de qualité : 32 % des plus de 60 ans n’ont aucune personne avec qui parler de sujets personnels (un score qui monte à 39 % auprès des 75 ans et plus).

Etude CSA Isolement Petits Frères des Pauvres
Etude CSA Isolement Petits Frères des Pauvres

Enseignement n°2 : l’exclusion numérique des personnes âgées, la triple peine

31 % des plus de 60 ans n’utilisent jamais Internet (mails, consultation de sites, utilisation des réseaux sociaux). Un résultat qui grimpe à 47 % chez les 75-84 ans et à 68 % chez les 85 ans et plus.  

14 % des 60-64 ans et 19 % des 65-69 ans n’utilisent jamais Internet alors que l’utilisation d’Internet s’est démocratisée depuis une quinzaine d’années.

Etude CSA Isolement Petits Frères des Pauvres

Enseignement n°3 : 85 ans, le nouvel âge de la bascule vers le grand âge

C’est un des constats frappants de l’étude : à partir de 85 ans, il y a une rupture significative des cercles de sociabilité : contacts moins fréquents avec les petits-enfants, avec la famille éloignée, avec le cercle associatif, le voisinage.

C’est aussi l’âge où les sorties se réduisent : 10 % des 85-89 ans sortent moins d’une fois par semaine ou jamais et où l’autonomie diminue de plus en plus. Le sentiment de solitude se renforce. 68 % des plus de 85 ans ne vont jamais sur Internet (en 2016, 74 % de la population française de plus de 12 ans utilisent Internet tous les jours – Baromètre du numérique ARCEP/CREDOC 2016).

Des résultats qui confirment les tendances en matière de conditions de vie

78 % des personnes interrogées ont mentionné la perte des proches comme préoccupation première.

Les personnes de plus de 60 ans expriment une volonté marquée de vieillir chez soi à 84 % (45 % avec des aides à la vie quotidienne, 39% exactement comme aujourd’hui). Un choix de vie plébiscité dans d’autres études comme celle de la DREES en 2015.

Le lien isolement/précarité a été constaté dans différentes études et notre étude le confirme également. Plus les revenus sont faibles (inférieurs au seuil de pauvreté 1 000 €), moins on a de contacts avec son voisinage, avec les commerçants, moins on s’investit dans le secteur associatif, moins on se sent heureux et plus le sentiment de solitude est exacerbé

L’étude le souligne, le maintien des commerces et services de proximité sont mentionnés comme la première solution pour lutter contre la solitude et l’isolement. Le réseau des professionnels (commerçants, professionnels de santé, facteurs, aide à domicile) est d’ailleurs un réseau de sociabilité qui se maintient même après 80 ans.

Des bonnes nouvelles qui tordent le cou aux idées reçues

L’amitié est une valeur sûre. Un cercle de sociabilité résiste de façon extrêmement surprenante : c’est le cercle amical avec 86 % des personnes de plus de 85 ans qui voient ou sont en contact à distance avec leurs amis au moins plusieurs fois par mois.

Une solidarité familiale qui se retisse au grand âge. Après 80/85 ans, le cercle familial proche est celui où la solidarité familiale se resserre (62 % des 80 ans et plus voient au moins l’un de ses enfants une à plusieurs fois par semaine vs 49 % à 70-79 ans).

Globalement, les 60 ans et plus semblent largement heureux même les plus âgés puisque 84 % des plus de 85 ans s’estiment heureux.

Le réseau associatif est un réseau important de sociabilité pour faire de vraies rencontres : plus d’1 personne sur 3 participe toutes les semaines à des activités associatives et 30 % d’entre elles ont créé de vraies amitiés, 36 % des rencontres régulières.

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