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Dépister le cancer du sein grâce au flair canin : bientôt une réalité ?

19/02/2019
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Le projet de recherche KDOG de dépistage transcutané du cancer du sein par odorologie canine a été retenu par le ministère de la Santé dans le cadre du Projet hospitalier de recherche clinique (PHRC) 2018.

Kdog

Anne Tardivon &  Isabelle Fromantin : «  KDOG01: Dépistage transcutané du cancer du sein par odorologie canine »

Le projet KDOG est un pari médical audacieux. Et pour cause : il vise à détecter un cancer du sein à son stade le plus précoce grâce à l’odorat de chiens spécifiquement formés. L’enjeu est de taille : il s’agit d’élaborer une technique de dépistage du cancer du sein simple, peu coûteuse et non invasive. En effet, selon les travaux d’Isabelle Fromantin, docteure en sciences et infirmière, la peau des femmes touchées par le cancer du sein dégage des odeurs spécifiques indétectables pour l’Homme. Il s’agit de composés organiques volatils (COV) dont la composition est modifiée par la présence de la tumeur. Sans contact avec la personne, les chiens dressés à cette détection sont capables de repérer la présence d'une tumeur en reniflant simplement des lingettes ayant été en contact avec la peau et la sueur des femmes. Les résultats de la preuve de concept ont été encourageants avec un taux de réussite supérieur à 90%. L’enjeu est à présent de faire de cette technique un processus reproductible et constant. Les COV apparaissent ainsi comme des biomarqueurs du cancer du sein.

Grâce au financement accordé par le ministère de la Santé dans le cadre du PHRC-K 2018, le projet KDOG01, coordonné par Anne Tardivon (département Imagerie médicale, Institut Curie) et l’équipe d’Isabelle Fromantin, va pouvoir être mené avec des patientes. L’objectif est d’estimer la sensibilité et la spécificité de l'odorologie canine pour détecter correctement des échantillons de sueur prélevés chez des femmes ayant une mammographie et/ou échographie classée dans la catégorie BI-RADS* 4 (anomalie indéterminée requérant une biopsie) ou 5 (anomalie typique d’un cancer).

Cette méthode de dépistage s’inscrit dans les priorités du Plan Cancer 2014-2019, à savoir réduire les inégalités de santé en élargissant les possibilités d'accès au dépistage des cancers du sein. L’objectif est de fournir un outil de diagnostic fiable et non invasif aux femmes dont l’accès aux soins est limité et pour qui le processus n’est pas tout à fait adéquat: femmes âgées de plus de 75 ans, femmes atteintes de handicaps physiques ou mentaux, femmes vivant dans des zones isolées et enfin à celles qui refusent la mammographie.

*La classification BI-RADS (Breast Imaging-Reporting And Data System) est utilisée par les radiologues lors de la mammographie, de l’échographie ou de l’IRM pour décrire une lésion, donner sa probabilité de malignité et proposer une conduite à tenir.

Qu’est-ce que le PHRC-K ?

Chaque année, depuis 1993, la direction générale de l’offre de soins (DGOS) lance un appel à projets national de recherche permettant aux équipes hospitalières de déposer des dossiers en vue d’obtenir un important financement pour mener un programme de recherche clinique en cancérologie (PHRC-K), en recherche interventionnelle en santé des populations (RISP) ou en recherche translationnelle (PRT-K). La sélection des dossiers est organisée par la DGOS, sur proposition de l’Institut national du cancer (INCa). Le Programme hospitalier de recherche clinique en cancérologie (PHRC-K) finance des projets de recherche dont les résultats doivent directement permettre une modification de la prise en charge des patients. Ces recherches sont indispensables pour mieux comprendre, diagnostiquer et traiter les maladies.