Plus d'un Français sur dix est tatoué !

    Il n'y a jamais eu autant d'adeptes selon les chiffres publiés mardi.

      Fini l'image d'Épinal du voyou exhibant ses avant-bras dessinés. Selon les résultats d'une étude Ifop que le Syndicat national des artistes tatoueurs (Snat) publie aujourd'hui et que nous révélons en exclusivité, sept millions de personnes sont désormais tatouées en France, soit 14 % des plus de 18 ans.

      En seulement six ans, deux millions de personnes sont donc passées sous l'aiguille d'un tatoueur. En 2010, la seule enquête jusque-là disponible indiquait en effet que 10 % de la population française était tatouée. Le succès du Mondial du tatouage, passé de 15 000 visiteurs en 2013 à 30 000 l'an dernier à Paris, permet de mesurer l'engouement autour de ce que Tin-Tin, le plus connu des tatoueurs français, veut faire reconnaître comme le dixième art. «Tout le monde veut son tattoo, sans plus aucune distinction d'âge, de niveau social ou de sexe, observe celui qui est également président du Snat. Le tatouage n'est plus transgressif. Certains le font par amour, d'autres par haine, par mode, par bêtise ou par intelligence.»

      Le tatouage n'est définitivement plus une affaire de virilité assumée. C'est l'un des enseignements les plus intéressants de cette étude. Si, en 2010, 9 % de femmes déclaraient être tatouées, la gent féminine mène désormais la danse puisque les femmes sont désormais 16 % à déclarer avoir un tatouage.

      Les femmes à l'avant-garde

      Ces dernières attachent davantage d'importance artistique aux motifs qu'elles ont sur leur peau puisque 61 % d'entre elles, contre seulement 49 % des hommes, considèrent le tatouage comme un art à part entière.

      Si le nombre de tatoué(e)s augmente, celui des tatoueurs est, lui, en pleine explosion. On comptait à peine plus d'une quinzaine de boutiques dans les années 1980 à Paris, il en existe désormais plusieurs centaines et même plus de 1 500 aujourd'hui en métropole.

      «Le métier attire énormément de jeunes qui pensent pouvoir faire rapidement de l'argent sitôt qu'ils savent un peu dessiner, observe Adrien Boettger, tatoueur du salon Sanhugi à Paris (XVIIe). La réalité est bien plus difficile.» Avec sa grosse et longue barbe rousse et blanche qui lui vaut le surnom de Gandalf (du nom du personnage du «Seigneur des anneaux»), une stature imposante et deux bras entièrement encrés, Adrien Boettger semble être un vieux de la vieille du monde du tatouage. C'est tout le contraire. A 48 ans, cet ancien graphiste parisien vient tout juste de débuter. «J'ai complètement changé d'orientation professionnelle il y a deux ans et demi, après avoir été très longtemps illustrateur dans la publicité»

      Son âge et son coup de crayon assuré lui ont facilité les choses. «Il n'y a pas de formation de tatouage et il faut donc tout apprendre auprès de quelqu'un de confirmé qui accepte de vous prendre comme apprenti. C'est long, il n'y a pas de salaire pendant cette période et on apprend directement en conditions réelles, jusqu'à se lancer d'abord sur sa propre peau puis sur celles d'amis qui acceptent de jouer le jeu», explique-t-il.

      * Enquête Ifop réalisée en ligne les 15 et 16 novembre 2016 auprès d'un échantillon de 1 002 personnes représentatif de la population française, âgés de 18 ans et plus.

      Les questions qu'on se pose