De quoi parle-t-on ?

« Ce n’est pas un régime, plutôt un nouveau mode d’alimentation, et pour certains l’expression d’une démarche durable. Une voie médiane dans laquelle on s’accorde le droit de manger occasionnellement un peu de viande ou de poisson, alors que le reste du temps on a une base nutritionnelle végétale à la manière des végétariens. C’est-à-dire avec beaucoup de légumes, de légumineuses, de céréales et certains produits d’origine animale, miel, oeufs, fromage, lait, yaourts, etc. L’idéal serait d’atteindre deux repas par semaine avec viande ou poisson, mais il n’y a aucun dogme à suivre, ni aucune culpabilisation si on ne tient pas cet objectif. L’alimentation doit rester un espace de liberté pour chacun. »

Être flexitarien, est-ce bon pour la santé ?

« Notre assiette ainsi composée nous apporte plus d’eau, plus de vitamines, de minéraux, de fibres, d’acides gras essentiels. Cette plus grande richesse nutritionnelle a des incidences notables, on gagne en vitalité et même en gaieté. Plus on consomme de végétaux, plus on consomme de prébiotiques qui vont améliorer la flore intestinale et par conséquent aider à la fabrication de la sérotonine, le neurotransmetteur responsable de notre sentiment de satiété et de bonne humeur. Ce ressenti positif est d’ailleurs la clé qui permet d’adopter une vie flexitarienne et d’avoir envie de la poursuivre. »

Peut-on changer du jour au lendemain ?

« Il faut avant tout s’écouter. Pour certains, un accompagnement, une progression seront nécessaires. Pour d’autres, non. Tout dépend de sa motivation. Le plus sûr est d’expérimenter ce nouveau processus au calme pour observer comment le corps réagit. C’est lui qui va commander le passage d’une habitude à une autre et donner le bon rythme, celui qui nous convient. »

Y a-t-il des risques à devenir flexitarien ?

« Le grand atout du régime flexitarien est justement d’écarter les principales craintes qu’on nourrit lorsqu’on s’engage vers le tout végétal. Les deux repas (au minimum) avec viande ou poisson permettent en principe de palier les manques éventuels. Quels seraient-ils ? Ne pas consommer assez de fer, indispensable à une bonne santé. On peut alors ajouter alternativement à ses repas les aliments qui contiennent ce minéral en forte quantité comme le cacao, la levure de bière ou les germes de blé. L’autre inquiétude consiste à redouter un manque de protéines. La seule association céréales/légumineuses, comme la semoule de couscous et les pois chiches au Moyen Orient, les haricots rouges et blancs et les pâtes de blé dans la soupe au pistou provençal – permet de dépasser l’apport en protéines de la viande et du poisson. Alors pas de soucis. »

Est-ce plus contraignant ?

« Non, si on s’organise. Tout du moins au début, avant que ça devienne une habitude. Le secret, c’est d’anticiper à cause de la présence de légumes secs à réhydrater. On cuisine des quantités suffisantes pour deux ou trois jours, on les conserve dans des bocaux en verre fermés au réfrigérateur. »

Faut-il dépenser plus ?

« Loin de là. Une étude du WWF** montre qu’en comparant le panier d’une famille de quatre personnes au régime dit “normal“ et l’équivalent flexitarien, on diminue ses dépenses de 21 %. Et pour un coût équivalent, on gagne en qualité alimentaire avec la possibilité de s’offrir plus de 49 % de produits labélisés (Label Rouge, bio, etc.). »

* « Vous avez dit flexitarien ? » de Sarah Dudoy Mony et Karinne Aurousseau Sevin. En librairie le 19 septembre (éd. Eyrolles).
** Vers une alimentation bas carbone, saine et abordable, oct. 2018.