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Économie

Comment les télécoms pourraient vraiment doper le PIB français

Selon l'étude annuelle de la Fédération française des télécoms, une politique de stimulation de l'écosystème des télécoms pourrait faire gonfler le PIB de 240 milliards d'euros en cumulé d'ici 2025.
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Présentation de l'étude sectorielle "Télécoms" par la Fédération française des télécoms
Présentation de l'étude sectorielle "Télécoms" par la Fédération française des télécoms
FFTel

Tous les ans, la Fédération française des télécoms présente une étude sectorielle réalisée par le cabinet Arthur D. Little -l'occasion, chaque année, de dresser un "Mur des lamentations chiffrées", constellé de données négatives, de courbes descendantes et de comparatifs à rendre dépressif un gagnant à l'Euromillions.  

Cette année, le ton change légèrement: en ce vendredi 27 novembre, au Pavillon Kléber (Paris), les complaintes habituelles (pudiquement appelées les "constantes" sur les slides) sont toujours là, mais résumées sous forme d'un tableau synthétique : des "usages qui s'accélèrent et qui ne sont toujours pas monétisés", "les prix les plus bas d'Europe" pour ce qui concerne la France, une "situation concurrentielle exacerbée" et "des résultats des opérateurs" qui sont en baisse, un "secteur soumis à une régulation et à une fiscalité fortes", et enfin la fameuse asymétrie vis-à-vis des OTT -les féroces Google, Amazon, Facebook, Uber et autre AirBnB, qui ne font rien qu'à utiliser les réseaux des autres sans vraiment participer à leur financement.

"58% des revenus, 87% des impôts"

Comme tous les ans, l'étude s'attarde sur un "visuel star", qui montre que si les opérateurs ne représentent "que" 58% des revenus de l'écosystème numérique en France, ils représentent 79% des emplois directs, 89% des investissements et 87% des impôts (contre 81% en 2012)

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Concernant l'emploi, pas de quoi se réjouit non plus, selon la Fédération: à partir des chiffres fournis par l'Arcep et la Dares (ministère du travail) elle a pu calculer que l'indice "emploi" avait chuté de 3,2% par an en moyenne entre 2008 et 2013.

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Un petit "plus" poétique, gastronomique et improvisé a même été apporté par une entrée originale du traiteur qui officiait ce jour là au pavillon Kléber: une superbe salade à l'azote liquide qui dégageait un curieux panache de fumée blanche lorsqu'elle était servie. "Ceci illustre assez bien l'évaporation des "marges du secteur", commenta avec un certain sens de l'à propos l'un des présentateurs de l'étude.

Cet interlude inattendu put servir d'illustration "en 3D" à une statistique rébarbative: certes, les marges des opérateurs (leur Ebitda) sont élevées mais, après le passage de la tondeuse à gazon des impôts, des investissements et des coûts financiers, il ne reste rien sur leur "bottom line" -contrairement aux entreprises-type du CAC 40 qui, en moyenne, disposent au final d'un milliard d'euros.

Une fois que les larmes des uns et des autres furent séchées, le discours prit une tournure plus optimiste et, surtout, résolument tourné vers l'avenir: "on nous a souvent reproché de nous complaire à décrire le passé, nous avons voulu donner des éléments pour éclairer le futur", indiqua Pierre Louette, président de la FFTel et par ailleurs directeur général adjoint d'Orange.

Cette année en effet, l'étude d'Arthur D. Little a imaginé trois scénarii: un scénario "tendanciel" -une sorte de "sequel" ou de "franchise" du "Mur des lamentations", qu'on pourrait appeler "Mur des Lamentations 4/le retour", un scénario "optimisation" (de tendance neutre) et, enfin, le scénario "ambition" -délibérément optimiste, et dans lequel l'écosystème numérique bénéficierait de mesures spécifiques pour le redynamiser. Selon ce dernier scénario, en France, d'ici 2025, la couverture fibre pourrait atteindre 84%, et l'impact sur le PIB pourrait se chiffrer à 240 milliards d'euros.

 

Bien entendu, tous ces chiffres sortent de la "moulinette logicielle" d'Arthur D.Little. Comment ont -ils été calculés ? "Tout simplement grâce à des simulations et à des études ad hoc, explique Eytan Koren, manager à Arthur D. Little. Par exemple, pour le chiffre qui indique l'impact sur le PIB, nous sommes partis d'un de nos chiffres communiqués l'an dernier selon lequel 1 euro investi dans les télécoms génère 6 euros de PIB supplémentaires". Et comment ce chiffre avait-t-il été calculé ? "Grâce à une étude que nous avons menée conjointement avec l'université suédoise Chalmers", précise-t-il.

Stabiliser le cadre réglementaire et fiscal

Comment atteindre les objectifs alléchants du "plan ambition" ?  Pour ce faire, la Fédération présente un plan d'action tout chaud sorti du four, structuré autour de quatre axes : d'abord, la création d'un cadre lisible et stable en Europe pour soutenir l’investissement, puis l'adaptation du  droit européen à l’ère du numérique, ensuite le rétablissement de  l’équité fiscale entre tous les acteurs du numérique en Europe, et enfin la stimulation de l'écosystème numérique en France.

Bref, cette année, le secteur des télécoms aura martelé une fois de plus à quel point il reste structurellement désavantagé par rapport aux OTT (Google, Facebook, etc...), et quand on lui demande si les opérateurs vont avoir tendance à devenir eux aussi des OTT sans réseau, Pierre Louette répond clairement: "non, pas du tout, ils n'ont pas vocation à devenir des acteurs transnationaux, sans racines, ils s'investissent au contraire dans les territoires, tant au niveau de l'emploi qu'à celui des infrastructures.' Ce qui est nouveau cette année, c'est que la Fédération a fait l'effort cette fois d'indiquer concrètement et de manière chiffrée quel serait l'impact du secteur sur le PIB du pays -au cas où les pouvoirs publics prendraient conscience du potentiel "démultiplicateur" de ce secteur au lieu de le considérer essentiellement comme une "vache à lait" pourvoyeuse de surtaxes et de dividendes à l'Etat actionnaire.

L'étude complète est disponible ici: 

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